Et si être soi, c’était plus compliqué qu’on le croit ?
Je crois qu’on ne parle pas assez de ce que ça coûte vraiment d’être authentique. On en parle souvent comme d’un idéal à atteindre : "sois toi-même", "exprime ta vérité", "écoute tes besoins"… Oui, c’est beau. Mais ce qu’on oublie de dire, c’est que c’est parfois un sacré bordel là-dedans. Parce que pour être vrai avec les autres, il faut commencer par être vrai avec soi. Et ça, c’est déjà une épopée en soi.
Je sors d’un stage de CNV (Communication Non Violente) de quatre jours. Quatre jours à plonger dans la mer agitée de mes besoins, à explorer la jungle de mes émotions, à essayer de les nommer, les ressentir, les accueillir. Selon Marshall Rosenberg, derrière chaque émotion se cache un besoin non satisfait. Facile à dire. Mais quand on a passé une vie à s’adapter, à faire plaisir, à aller vite, à "performer"… retrouver ses besoins, c’est comme essayer de retrouver un doudou oublié à l’âge de trois ans. C’est flou, c’est lointain, mais c’est sacrément important.
Pendant une mise en situation, je me suis retrouvée en totale vulnérabilité. Je me suis ouverte, vraiment. J’ai pris le temps d’aller chercher en moi ce qui se passait, de le formuler avec les mots du cœur. Et puis là… un gars du groupe lâche : « C’était long et chiant ton truc. »
Voilà. Bam. Comme un coup de pied dans la petite fille intérieure qui venait juste d’oser se poser, respirer, exister.
Je l’ai sentie cette petite. Elle s’est recroquevillée. Elle s’est dit : « Ah, on me demande encore d’aller vite, de ne pas déranger, de ne pas prendre trop de place. » Et avec elle, une partie de moi s’est éteinte, doucement, sans bruit. Je n’ai rien dit sur le moment. Trop bouleversée, trop triste peut-être. Ou juste épuisée d’avoir été, une fois de plus, « trop » pour certains, et « pas assez » pour d’autres.
Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas exactement quelqu’un de tranquille. Posée, calme, contemplative ? Pas trop. Ma vie est plutôt une danse entre le mouvement, l’enthousiasme, les projets, les idées qui fusent… Et pourtant, j’en ai besoin, de cette tranquillité. J’en crève de besoin même. De silence. De lenteur. De profondeur. Mais c’est dur de m’autoriser à m’arrêter. Comme si en ralentissant, j’allais devenir inutile, fade, insignifiante. Comme si je devais mériter ma place par ce que je fais, plutôt que par ce que je suis.
Alors oui, être authentique, c’est beau. Mais c’est aussi un sacré chemin. Il faut se remettre en cause, encore et encore. Aller voir ses zones d’ombre. Reconnaître qu’on n’est pas toujours lumineux, pas toujours juste, pas toujours à la hauteur. Mais c’est aussi dans ces moments-là que quelque chose d’essentiel peut émerger. Une lumière plus douce. Moins spectaculaire, mais plus vraie.
Je ne sais pas si j’ai appris à être "authentique" pendant ce stage. Mais j’ai touché quelque chose de moi. Une fragilité, une tendresse, une vérité. Et même si ça pique parfois, je sens que c’est ce chemin-là que je veux continuer d’explorer.
Et vous, que faites-vous pour vous poser ? Pour vraiment vous écouter, loin du bruit, loin des injonctions, loin du « il faut » et du « tu devrais » ?
On est tous en chemin. Et c’est pas facile de déprogrammer des années de conditionnement. Mais je crois que chaque petit pas, même minuscule, même hésitant, nous rapproche un peu plus de la sagesse, et peut-être… de la tranquillité.
Laure Fontaine
Un retour à Soi
www.maison-du-soin.com
Très bien écrit Laure et d'une fluidité. Le doudou un ourson pour moi qui à 56 ans comme tu le dis reste dans mes souvenirs. Et rester soit même comme moi dérange les personnes dans mon entourage, trop d'énergie comme vous.
RépondreSupprimerMerci pour votre aide mais seul on ne peut pas il faut un déclencheur un mentor qui nous motive.
Et la maison du soin est le lieu idéale.
Amicalement.
Coucou Laure j’ai beaucoup aimé a bientôt de se voir j’espère
RépondreSupprimerMaryse
Merci pour ce texte qui me parle. Je trouve la réaction de ton auditeur agressive.." long et chiant" ça ne se dit pas, c'est blessant, ce n'est pas constructif. Cela me fait pensé à certaines personnes qui se complaisent dans le "teasing négatif"..2 options : soit ils expriment le mal être et critiques qu'ils ont pu subir et reproduisent le schéma soit se sont juste de mauvaises personnes...après il parait qu'il faut de tout pour faire un monde..
RépondreSupprimerBonjour Laure, toujours autant de sensibilité et d'humanité au travers de vos ecrits. Rester telle que vous êtes surtout ! Et prenez du recul par rapport à cette réflexion totalement absurde dans un groupe de travail axe sur la communication non violente !!! Prenez plutôt le parti d'en rire, ce monsieur a des progres à faire dans le domaine ! Et dites vous plutôt que votre témoignage à aider d'autres personnes. Se livrer n'est pas simple, c un acte courageux et vous l'avez fait avec votre cœur et tout ce qui est fait avec le cœur est toujours juste. Bien à vous. Nathalie
RépondreSupprimerPouvoir et savoir écrire ce texte avec ce très beau témoignage et cette mise à nue est déjà une très belle preuve d'authenticité !!! Bravo !
RépondreSupprimerBonjour Laure,
RépondreSupprimerJe suis profondément touchée par ton texte, magnifique, absolument authentique. Il résonne beaucoup en moi.
Et j’ai été choquée de lire la réaction de ce type. Je trouve cela extrêmement violent (hum, rappelle-moi l’intitulé du stage ?? 🤔) et j’espère bien que la personne qui encadrait ce stage n’a pas fait l’erreur de laisser passer ce genre de commentaire tout à fait déplacé…
Merci de nous livrer cette expérience avec la simplicité qui te caractérise.
Merci de continuer à inspirer autant de gens autour de toi, sans en avoir toujours la conscience 🙏🏼
Belle période estivale à toi.
Et belle poursuite de tes explorations.
Val