Cela faisait plusieurs jours que cette pensée me tournait dans la tête : emmener ma mère à son IRM de contrôle. Une tâche en apparence simple, sauf qu’avec elle, rien n’est jamais simple. Depuis son AVC, chaque déplacement est une épreuve digne de Kho Lanta, où le fauteuil roulant est le premier de nos défis. Et cette fois, ce serait sans mon père. Premier rendez-vous d’IRM au CHU Nord Laennec depuis qu’il nous a quittés. Il faut croire que dans la famille, on aime pimenter les choses avec un soupçon d’émotion en prime.
Ajoutez à cela l’imprévisibilité de ma mère : une vraie boîte à surprises. Avec elle, tout peut arriver, de la bonne humeur comme son attitude en mode « duchesse » comme dit mon beau frère et là nous devenons des esclaves en puissance, mes sœurs et moi. Je m’étais préparée mentalement à tout. Enfin, je croyais. Mais la météo, elle, ne m’avait pas prévenue. La veille, les bulletins annonçaient une tempête : vent, pluie battante, et bien sûr, notre rendez-vous était fixé à 17h50. Oui, oui, pile à l’heure où tout le monde décide de traverser la ville en même temps. Au programme : pont de Cheviré bouché, braver la tempête, et arriver à temps. Épique, non ?
Heureusement, ma sœur, mon acolyte dans cette odyssée, était là. Faire cette aventure seule ? Mission impossible. Entre le fauteuil roulant à caler dans le coffre (et mes deux bras qui ne sont pas ceux de Hulk) et ma mère qui vacille comme un enfant qui apprend à marcher, c’était clairement à deux ou rien.
Nous voilà donc parties.
Départ avec un vent à écorner les bœufs comme on dit, une circulation digne d’un film catastrophe, et un GPS qui semblait avoir, lui aussi, besoin d’un IRM ! Résultat ? 1h40 pour un trajet qui, dans un monde idéal, aurait pris 30 minutes. On arrive à l’hôpital, ébouriffées mais ponctuelles (victoire !). Sauf que, tout est éteint, désertique, sans la moindre pancarte, et il faisait nuit ! Bienvenue dans “The Walking Dead : édition hôpital”.
Ma sœur part en éclaireuse, moi je pousse le fauteuil avec ma mère dedans (87KG !), et elle finit par croiser un gentil monsieur qui nous montre le chemin. Un ange, clairement. D’autres auraient rebroussé chemin, mais pas nous. Traverser des couloirs lugubres à trois femmes en pleine crise de fou rire, c’est presque un sport extrême ! Nous étions un peu sur excitées avec tout ce vent sûrement !
Et là, cerise sur le gâteau : une secrétaire au regard plus glacial qu’un congélateur, nous rabroue avec un « Allez dans la salle d’attente, s’il vous plaît », sur un ton digne de notre directrice d’école quand nous étions au collège ! Ma sœur, à qui « on ne dit pas ce qu’elle doit faire car elle a 50 ans », (elle va en rire en lisant l’article !) me dit : « Celle-là, si elle continue, ça va pas le faire ! ». Bref, après un échange poli et nos sourires « faux-culs », tout rentre dans l’ordre. Les papiers sont fait et un autre employé prend le relais, ma mère est emmenée pour son IRM. Mission accomplie ! Enfin… presque. Aucun médecin pour nous donner le compte rendu. Il faut croire que la tempête les avait fait fuir …Tout ça pour ça ! Vive le système médical français…
Enfin nous voilà sur la route du retour : une copie conforme de l’aller : couloir noirs, fauteuil, bouchons et cette fois la fatigue en prime. Mais au milieu de tout ça, une sensation nouvelle : celle d’avoir accompli quelque chose.
Cette aventure, pour ne pas dire épopée, aussi stressante soit-elle, m’a rappelé une chose essentielle : chaque épreuve surmontée renforce notre estime de soi. Quand on se lance dans l’inconnu et qu’on arrive, d’une manière ou d’une autre, à en sortir victorieux, on se prouve à soi-même qu’on est capable. Et ça, c’est précieux. Ça booste la confiance et nourrit cet amour de soi qu’on oublie souvent.
Alors oui, la vie nous envoie des tempêtes, des embouteillages et des secrétaires reloues ! Mais affronter tout cela, persévérer et aller jusqu’au bout, c’est se prouver qu’on est plus fort qu’on ne le croit. À chaque victoire, aussi petite soit-elle, on gagne en force intérieure.
Moralité ? Soyez tenaces. Ne baissez jamais les bras, même face à des couloirs sombres ou un fauteuil qui ne rentre pas dans le coffre. Ce sont ces défis qui, au final, nous rendent plus grands, plus forts… et, avouons-le, un peu fiers de nous. Alors osez braver la tempête !
Bravo
RépondreSupprimerC est tjrs un réel plaisir de vous lire Laure. On ne se connaît pas personnellement mais à travers vos écrits, je comprends mieux tout ce que nous pouvons traverser dans la vie. Les épreuves que nous subissons nous permettent de grandir et d apprécié un peu plus la vie. Patricia
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