C'était en 2011, il y a des jours comme ça, que l'on n'oublie pas.
Des jours qui marquent le corps, l'âme, le cœur.
Ce dimanche de Pâques, j'ai envie de vous parler d'un moment suspendu, sacré, intime. Un moment que j'ai eu la chance de vivre il y a quelque temps, à Jérusalem. Un moment de poussière, de pierres, de soleil écrasant, de prières murmurées, de larmes parfois aussi. C'était le jour où j'ai fait le Chemin de Croix dans la ville de Jérusalem.
J'étais entourée de mon groupe de pèlerins, tous un peu émus, les sandales bien attachées (souvenirs de mal de pieds en sus !) et surtout, accompagnée de mon ami, le père Dominique-Marie, un prêtre lumineux, profond, drôle aussi, parce que la foi n'interdit pas de sourire, bien au contraire.
Faire le Chemin de Croix, c'est marcher avec un poids invisible sur les épaules. C'est se mettre à la place de Celui qui a porté tous les poids, toutes les douleurs, toutes les trahisons, toutes les hontes du monde. C'est avancer, station après station, en répétant des mots anciens, mais qui résonnent encore en moi aujourd'hui comme une révélation. "Il a été brisé pour nos fautes"... Ce jour-là, j'ai ressenti la croix. Pas juste celle du bois, mais celle qu'on porte parfois dans sa vie, qu'on traîne en silence, avec dignité. Celle des douleurs qu'on tait, des sacrifices qu'on fait pour ceux qu'on aime.
Parce que moi aussi, à ma manière, j'ai porté ma croix. Et je la porte encore. Pas toujours visible, mais bien là. Celle du dévouement, de l'abnégation, de la remise en question perpétuelle. Entre mon rôle de mère, de femme, de coach, de soignante... et celui, plus subtil, de guide pour ceux qui viennent jusqu'à moi pour guérir, pour comprendre, pour avancer.
Ce Chemin de Croix a été un face-à-face avec moi-même. Une introspection silencieuse, brutale parfois, douce aussi. Parce que dans chaque station, il y avait un peu de ma propre histoire. Dans chaque pas, un peu de mon passé. Dans chaque prière, une intention pour ceux que j'aime.
Et puis, aujourd’hui, j’ai beaucoup pensé à mon père. Lui aussi disait souvent qu'il portait sa croix. Une phrase simple, mais lourde de sens. Dans ces moments-là, son souvenir m'accompagne, comme une force tranquille, discrète, mais solide. Une présence intérieure qui me relie à mes racines, à ma foi, à cette capacité à avancer coûte que coûte.
Et ce Chemin, au-delà de la foi, est une forme de méditation. Une vraie. Une qui fait émerger des prises de conscience puissantes, qui donne de la clarté, qui apaise même dans l'effort. Et là, c'était "en vrai". Historiquement, Jésus est bien passé par cet endroit. On ne peut pas rester insensible. On sent que quelque chose s'est vraiment joué là, énergétiquement parlant, mais je dois avouer que celui de Lourdes, pieds nus dans la montagne... il a sa force aussi ! (Et son lot d'ampoules, mais c'est une autre histoire !)
Ce que j'en retiens ? Qu'on a tous un chemin de croix à faire. Peut-être pas à Jérusalem, pas sur ces pierres vieilles de deux mille ans, mais ici, aujourd'hui, dans nos vies modernes où les croix ont pris d'autres formes : charge mentale, solitude, non-dits, douleurs physiques ou morales. Et qu'il ne faut pas avoir peur de les regarder en face, de les nommer, de les traverser.
Car après la croix, vient la résurrection.
Oui, la lumière revient toujours. Elle revient le matin, elle revient après les pleurs, dans une parole juste, une demande de pardon, un pardon donné, dans un geste de tendresse. Elle revient après s’être longuement remise en cause…
Alors, en ce dimanche de Pâques, je vous souhaite de faire, vous aussi, votre propre chemin. Peut-être pas avec des sandales sous le soleil de Jérusalem, mais avec vos pas, votre rythme, votre vérité. Et de trouver, après chaque épreuve, la paix douce et forte de votre propre résurrection.
Pas à pas .. C'est le cas de le dire !
Laure Fontaine
Un retour à Soi
www.maison-du-soin.com
Commentaires
Enregistrer un commentaire